La covid19 a exacerbé le phénomène tant redouté de la désinformation, de la propagation à outrance des fake news semant confusion, trouble à l’ordre publique et barrière véritable à la riposte de santé publique. La vaccination contre la covid 19 dont l’efficacité s’est avérée a connu du plomb dans l’aile dans le rang des populations du fait des nombreuses fausses rumeurs qui ont circulé à propos. Il apparaissait donc nécessaire de prendre le taureau par les cornes pour endiguer le mal de la malinformation et permettre enfin à la riposte sanitaire de s’accomplir. Au Bénin, Unicef à travers la cellule de fact-checking coordonnée par Intside renforce les capacités des jeunes beninois issus des 12 départements sur les techniques de vérification des faits et de déconstruction des infox.
Ils sont au total 70 membres de la communauté Ureport et des organisations de jeunesse de la commune comme le MAJ, le Scoutisme, etc. sélectionnés pour prendre part à l’atelier de formation qui vise à les outiller sur les techniques professionnelles et basiques pour en découdre avec les infox qui deviennent de véritables goulets d’étranglement à la circulation de la bonne information. A charge d’eux, Emmanuel GANSE et Alexandra DJOTAN, tous deux des professionnels du fact-checking et membres de la cellule de fact-checkeurs d’UNICEF Bénin.
A Lokossa donc, les jeunes ont suivi avec attention une clarification des concepts sur les différents types de fake news, une généralité sur les conséquences sur la société, les caractéristiques et les approches de solutions pour détecter, déconstruire et briser la chaîne de partage. « Les fake news sont des informations délibérément fausses et diffusées dans l’intention de nuire. Il y a trois caractéristiques qui définissent les infox : la préméditation, l’intention de nuire et l’appel à psychologie pour orchestrer la viralité de l’information. » leur apprend Emmanuel GANSE, formateur.
Ces formations ont été meublées de théorie mais aussi de pratiques. Des exercices ont été donnés aux participants réunis en groupes pour vérifier la véracité de certaines informations qui leur ont été confiées et qui étaient entre autres des images déplacées de leur contexte, des images montées, des messages erronés, des contextes inventés… Ils avaient à disposition des outils comme search by images, invid, tineye, lens google, les questions de l’art du doute raisonnable… Ensuite, il y avait une restitution en plénière pour corriger les erreurs éventuelles et aider à parfaire leur argumentaire de déconstruction.
Outre les outils techniques que ces jeunes participants ont désormais à leur disposition, ils ont aussi bénéficié de conseils pratiques d’experts pour développer leur art du doute raisonnable. « Lorsqu’une information ne vous paraît pas crédible, ne la partagez pas. Demandez-vous l’intention de l’auteur, croisez les sources pour voir si d’autres médias en parlent. N’hésitez pas à faire des descentes sur le terrain pour vous renseigner auprès des sources fiables ; en cas de doute ou d’éléments suffisants pour démontrer la véracité de l’information, abstenez-vous de la partager » leur recommande Alexandra DJOTAN, formatrice.
In fine, ces formations ont permis aux jeunes de Lokossa d’apprendre à vérifier les faits dans leurs communautés et surtout de sensibiliser leurs pairs à ne partager aucune information sans prendre la peine de vérifier. Ils ont aussi été informés sur les gestes responsables à adopter sur les réseaux sociaux en période électorale. Désormais ils sont de jeunes fact-checkeurs à même de vérifier tout type d’information sur les réseaux sociaux y compris la vérification de l’authenticité de vidéos ou de photos et même leur réel contexte d’utilisation. Aussi, dans leurs communautés, ils sont investis de la mission de sensibiliser leurs pairs et leurs parents sur l’importance de ne répandre que des informations vraies issues de sources crédibles. Kudos à Unicef pour cette initiative qui implique les jeunes en les outillant contre une menace aujourd’hui considérée comme une arme létale.
Emmanuel Ganse