C’est autour d’un verre qu’apparaît la vérité et c’est dans la bouche d’un alcoolique que sort la vérité, dit-on un adage Africain. L’avènement de la technologie a rendu le monde plus facile. La popularisation de l’internet a engendré un mal mortel dans la nouvelle technique. A l’heure où les fausses informations inondent les réseaux sociaux, à la faveur de la crise sanitaire, de la guerre en Ukraine ou de l’élection présidentielle. Il est nécessaire de donner quelques clés à ces citoyens pour développer leur esprit critique, et ainsi identifier une fake news et s’en avaliser, d’où le Fact Checking nait pour freiner ce mal. Alors il revient à savoir qui n’est pas sur les réseaux sociaux ? Qui n’a jamais fait de publication ? Qui n’a jamais partagé une information ?
Le fact-checking, paru dans les années 1990, cette discipline journalistique popularisée aussi dans les années 2000-2010 et consistant à vérifier un propos public, qu’il émane d’une personnalité cela n’a jamais semblé être aussi nécessaire. Covid-19, guerre en Ukraine, dérèglement climatique, élections contestées : les fausses informations, terme que l’on préférera au galvaudé « fake news », pullulent. « Les faits sont sous un feu nourri d’attaques », résume Baybars Orsek, directeur du réseau international de fact-checking, qui a réuni, fin juin, à Oslo, en Norvège, quelque cinq cents journalistes et chercheurs pour le congrès de la discipline. Le fact-checking y est apparu à la fois en plein boom et en plein doute.
La pandémie a été vécue comme un travail de Sisyphe. « Voir les rumeurs antivax partagées vingt-cinq mille fois par jour et, malgré notre travail, les retrouver aussi nombreuses le lendemain, c’était éprouvant pour ma propre santé mentale », selon les journalistes spécialiste du fact Checking de la cellule des factcheckers de UNICEF au Bénin. Un sentiment d’impuissance, une impression rageante d’écrire dans le vide, partagée par beaucoup de journalistes de vérification.
« Nous avons corrigé plein de fausses informations. Et pourtant, les gens y croient toujours. C’est fascinant, mais étrange en même temps », dixit VIGNON Ricardo Factchecker chez Sonou Médias Agence spécialisée en fact checking au Bénin.
Les limites à l’efficacité du fact-checking sont bien connues. L’une d’elles est psychologique : c’est le biais de confirmation. Face à la contradiction, perçue comme insupportable, le cerveau humain tend à ignorer un argumentaire trop contrariant. Un phénomène qui tient parfois du « religieux », estime Alec Dent, commentant l’obstination des supporteurs de Trump à défendre la thèse du « vol » de l’élection. Cette opiniâtreté s’accompagne aussi souvent d’une forme d’agressivité vis-à-vis des journalistes de vérification eux-mêmes, comparés par leurs détracteurs à un « ministère de la vérité », quand ils ne sont pas la cible de diffamation ou de harcèlement. « Mais pourquoi ne nous aiment-ils pas ? », se désespérait un fact-checker, suscitant rires amers et sourires crispés.
Faut-il pour autant jeter le fact-checking aux oubliettes, comme une expérience ratée qui a consisté à vider l’océan avec une petite cuillère.
Cette question existentielle, tous les journalistes se la posent au quotidien. On peut également se la poser autrement : si des équipes spécialisées ne faisaient pas l’effort de vérifier les informations, de rendre disponibles des éléments de réponse, de contexte ou de compréhension, si nous baissions les bras face à une marée d’infox, comment un citoyen de bonne foi pourrait-il se renseigner sur ce traitement miracle contre le Covid-19, dont il a lu les louanges sur Facebook mais qui serait dissimulé à dessein par Big Pharma. A l’image, le Fact Checking revient encore dans l’histoire de la technologie de la communication mais plus précisément aux acteurs des médias pour la véracité des informations. Cet outil est désormais un métier pour acteurs de médias où que cette dernière soit journaliste ou non.
Ce qu’on lit sur internet n’est pas toujours vrai ! Qu’est-ce qu’une fausse information ? Et comment la repérer ? Voici quelques astuces pour démêler le vrai du faux.
C’est quoi, une fake news ?
On peut dire fake news, ou bien infox (la contraction des mots “info” et intox”) ou encore fausse nouvelle : c’est la même chose. Lorsqu’une information, sous forme de texte, d’image ou de son, est propagée par un individu ou un média dans le but de tromper, et donc de manipuler l’opinion publique, d’attiser des tensions, c’est une fake news. Elle est à différencier d’une information erronée, qui peut se glisser dans un article mais qui n’a pas pour objectif de tromper le lecteur.
Demande-toi quelle est la source
Pour savoir si une info est vraie, tu dois te poser la question de la source, c’est-à-dire l’origine de l’information. Elle peut être primaire (un envoyé spécial sur place, par exemple) ou secondaire, quand elle fait appel à un intermédiaire. Cette source est-elle un témoin direct, un expert, un militant, le frère d’un ami d’un oncle ? Le média qui relaie l’information est-il habituellement fiable, va-t-il déjà véhiculé des fake news, est-il un site parodique ? une rapide recherche sur internet doit suffire à trouver les chiffres cités ou l’auteur d’un article qu’un ami vient de t’envoyer. Si tu ne trouves pas ces références, il y a de grandes chances qu’il s’agisse d’un infox. Et si le média t’est inconnu, voici une astuce : clique sur la rubrique “qui sommes-nous ?” ou “à propos” du site en question. Si son contenu n’est pas clair, c’est que le média n’est pas fiable.
Méfie-toi des réseaux sociaux
Sur Facebook, Instagram, smachât ou Tito, les informations circulent très vite. Et le succès d’un contenu se mesure au nombre de fois où il est partagé. Or, ce n’est pas parce qu’un article est très commenté et largement partagé que son contenu est fiable. Ne partage pas sans vérifier, et encore moins sans avoir lu l’article en question ! C’est, encore une fois, la source qui légitimiste une information.
Adopte les bons réflexes
La clé, c’est de se méfier ! Les journalistes ont pour règle de toujours recouper leurs infos. À toi de faire pareil ! N’hésite pas à vérifier si un sujet est traité par plusieurs médias reconnus. Attention, le logo d’un ministère sur une publication peut être le résultat d’un très bon montage. La solution, c’est d’aller vérifier sur le site du ministère concerné. Jette un œil aussi sur l’adresse url (qui commence par www.) du site où tu te trouves. Celle de France info est www.francetvinfo.fr. Si l’adresse url est www.franceteleinfo, c’est qu’on cherche à t’induire en erreur ! très important, enfin : cherche toujours la date de parution de l’article, une information publiée il y a deux ans peut être périmée aujourd’hui.
Analyse les images
Une photo peut être retouchée, sortie de son contexte, dater d’un événement plus ancien… pour ne pas te faire avoir, commence par la regarder d’un peu plus près. Un personnage qui porte un épais manteau et un bonnet si l’événement est censé se passer en été, c’est suspect. Une scène censée se dérouler en Asie quand un panneau de rue est écrit en anglais, ça l’est aussi. Mais parfois, avoir un œil de lynx ne suffit pas. Vérifie donc les adresses mentionnées sur Google streetview ou Google earth pour voir si elles correspondent à l’image. Tu peux aussi faire une recherche d’image inversée avec Google images (en cliquant sur l’icône en forme d’appareil photo) ou le site tineye pour trouver l’image d’origine en quelques clics.
Emmanuel CODJO